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INDUSTRIE 4.0 : leviers et freins à l'implémentation sur le terrain

  • Photo du rédacteur: Bertrand FELIX
    Bertrand FELIX
  • 6 juin 2024
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 5 mars

Souvent mal comprise, l'industrie 4.0 et le chemin vers son implémentation sont souvent semés d'embuches.

Décryptage par quelques questions-réponses


Un petit mot sur l'auteur

J'ai été responsable Industrie 4.0 pour les 7 usines en Europe pendant quelques années au sein du groupe Volvo-Renault Trucks. Je pilote actuellement les projets industriels de la Ruche Industrielle et je conseille les dirigeants avec ma structure BF Momentum sur leurs projets de transformation.


Ma conviction

Créer des équipes inter-métiers pluri-disciplinaires avec une force motrice basée sur des cas d'usages puissants et des problèmes forts à résoudre dans l'entreprise. Utiliser des méthodes d'intelligence collective qui responsabilisent les experts en les reconnectant à leurs sponsors : les décideurs et les manageurs de proximité. Livrer par itérations et faire-savoir. A plusieurs, on va plus loin !




"La clé de l'I4.0 est de commencer avant tout par l’usage, de répondre à un problème fort de l’entreprise."



Des exemples de solutions Industrie 4.0 pour ...

  • Le montage ou la réparation assisté par réalité augmentée, pour faciliter la gestion de la complexité du fait des nombreuses variantes issues de la personnalisation des produits.

  • Le contrôle qualité par caméra vision, pour détecter tout au long du cycle d’assemblage des erreurs qu’on ne pourrait pas détecter au poste qualité classique de fin de ligne.

  • La continuité numérique pour mieux gérer les flux de données entre les métiers (ex : bureaux d’études – Méthodes – Production – après-vente), et donc pour gagner du temps pour sortir ses nouveaux produits sur le marché.

  • La supervision connectée de machines à distance, pour monitorer en temps réel la santé de son parc productif et anticiper les arrêts de lignes.

  • La robotisation, l’automatisation de certaines activités comme la logistique avec les robots mobiles industriels organisés en flotte, ou pour équiper les postes pénibles ou à risques.

  • ....


Quelles sont les principales causes de blocage de l'I4.0 ?

  • Encore une fois, le mauvais cas d’usage : par exemple la machine devant laquelle le patron passe chaque matin. Vous n’aurez ni les bons interlocuteurs, ni les bonnes données, ni de levier et encore moins d’impact même si l’installation est une réussite.


  • Le syndrome du ICCP - « Ici c’est pas pareil » utilisé par les experts pour ne pas y aller. En travaillant tous les jours au carrefour de plusieurs entreprises de secteurs différents je me rend compte qu’on a tous les moyens d’adapter les apprentissages des autres chez soi.


  • La culture de l'entreprise : si on est trop renfermé sur soi-même, même pour de bonnes raisons, il est difficile pour les équipes de sortir du quotidien pour se comparer, se rassurer auprès des autres industriels et encore de développer avec des partenaires externes.


  • Les sujets trop politisés, perdus d’avance si les usines d’un même groupe sont en concurrence ouverte.


  • Le middle management qui ne souhaite pas y aller par peur de l’inconnu.


  • Des procédures à rallonge qui freinent : achats, investissement


  • Ou plus simplement pas le temps, car pour certains il faut en priorité opérer avant de transformer (* voir l'article dédié dans ce blog)


Et plus particulièrement, comment éviter le rejet des solutions I4.0 par les usines ?

  • Tout d’abord en impliquant les opérationnels très tôt dans le processus d’exploration. C’est-à-dire en créant des équipes pluri-disciplinaires qui co-développent ensemble la solution. L’effort d’accompagnement au changement en sera grandement simplifié. Il en ira de même pour la maintenabilité future de la solution.


  • En déployant des solutions strictement à l’intérieur des conditions limites d’utilisation testées pendant la phase d’exploration. Il n’y a rien de pire que des solutions mal utilisées sous la pression des sponsors ou à cause d’une trop grande confiance. Par exemple, on peut dire sans se tromper que les solutions de contrôle qualité par caméras et analyse de données (Computer vision, deep learning, IA,…) arrivent aujourd’hui à maturité au sein de l’I4.0. Mais dans certaines conditions d’utilisation et d’illumination en usine, avec des pièces réflectives tel que du métal, ou avec de la saleté ambiante, on sait que ces solutions peuvent se dégrader, cesser d’être performantes et ne plus apporter les résultats et les retours sur investissement souhaités. Dans ce cas, les effets sont ravageurs : les usines se referment comme une huitre et refusent par réflexe dans les mois ou années qui suivent toutes solutions s’apparentant à l’industrie 4.0. Il faut alors faire preuve de patience et de détermination avant de pouvoir passer un prochain projet de transformation. Ou encore, les managers de proximité qui y ont cru, et qui se sentent floués et ridiculisés et bloquent naturellement le prochain staffing d’un de leur collaborateur sur un projet de transformation I4.0. Dans les deux cas , le résultat peut être dramatique.


  • Oser le ‘Smart purchasing’ : ce sont des procédures simplifiées d’achat mise en place par certaines entreprises pionnières qui visent à réduire drastiquement la durée et la complexité des étapes administratives pour éviter les liasses de paperasse qui finissent par décourager même les meilleurs.


"L’implémentation des technologies 4.0 dans nos ateliers nécessite un accompagnement car, je constate que nos équipes n’ont pas la maîtrise de la démarche qui permet de lever les freins. Tu les listes dans ton article.
Nous avons très souvent de très bons techniciens mais qui n’ont pas la bonne maîtrise de la composante humaine. Et, les RH n’ont pas le fond technique pour accompagner les enjeux de conduite du changement... Un vrai sujet."

Stanislas Lacroix - PDG Groupe ALDES



Quelles clés de succès pour faire faire advenir l’industrie 4.0 sur le terrain dans son entreprise

  • Privilégier les méthodes collaboratives et itératives, basées sur l'exploration.

  • Permettre à ses experts émulés entre eux de tester les technologies, avec les fonctions métiers portant les cas d'usages rassemblées au sein de la même équipe.

  • Co-développer avec des partenaires experts ayant le bon état d'esprit pour partager et accepter d'intégrer des briques complémentaires.

  • Y aller avec un client interne ou externe, écouter puis résoudre son besoin et faire porter sa voix.

  • Convaincre un ou plusieurs sponsor(s) du management.

  • Sortir vite de la phase de Preuve de Concept (POC) pour viser l'industrialisation.

  • Gouvernance : mieux équilibrer le portefeuille projets entre 'opérer' et 'transformer'.

  • Prendre soin de ses porteurs de projets. Qu’ils soient désignés ou intrapreneurs. Avoir un management qui protège, facilite et aménage les emplois du temps et les fiches de mission en cas de projets d’ampleur. Penser l’après-projet avec les RH.

  • Bien gérer le développement puis le transfert de compétences selon les phases du projet.

  • Mettre en avant une culture du « c’est possible ici » pour susciter les vocations.


La communication : savoir-faire puis faire-savoir !

Contrairement à ce que l’on peut penser, la communication n’est pas reléguée à un action de fin de projet. Ni a une action uniquement politique ou de faire-valoir. Elle doit au contraire être activée avec soin et doigté tout au long du projet. Avec pour objectif :


  • D’attirer des partenariats inédits pour être plus forts à plusieurs.

  • De montrer des résultats concrets, créer de l’enthousiasme et embarquer d'autres acteurs en interne sur le long-terme.

  • De faire de la pédagogique, prendre le temps de construire des messages audibles par tous, vis à vis des bénéfices ou des risques des nouvelles technologies. Expliquer par exemple que la mise en place de la continuité numérique ne sert pas a fluidifier les process entre les métiers pour in fine licencier, mais au contraire pour traiter plus de variantes produits y compris des petites séries de manière rentable, avec le même nombre de collaborateurs au sein de l'équipe.

  • De présenter à la fois le Quoi et le Comment. Vous inspirerez autant voir plus en parlant de la manière dont vous avez conduit un projet, surtout si vous avez utilisé des méthodes modernes de collaboration de groupe.

  • Parlez du sens pour attirer la population des jeunes générations. Mettez en avant vos convictions ou celles de ceux qui ont piloté vos transformations. Parlez du Pourquoi, ça fait du bien !


On parle d'Industrie4.0 durable ?

L'industrie 4.0, de par la digitalisation des processus, a un impact certain sur l'environnement.

Les datacenters n'étant pas visibles par les utilisateurs finaux, c'est souvent la partie immergée de l'iceberg. Alors comment la rendre tangible et intégrer le durable, la 'sustainability' dans les discussions d'intégration des solutions I4.0 ? La solution passe par l'éducation des différents acteurs de la chaine sur :


  • Le numérique responsable : sensibilisation aux bonnes pratiques pour les collaborateurs, mesure d'impact environnemental, empreinte carbone, critères d'achat responsable pour l'IT (informatique), usage de matériels informatiques personnels (BYOD : bring your own device), recyclage des parcs de PCs ou PLCs, ...

  • L'optimisation énergétique des solutions et des lignes de production, avec la création de plan de sobriété énergétique, la mise en place de GTB (pilotage)

  • L'économie circulaire et la seconde vie des produits. (** voir l'article dédié dans ce blog)

  • L'usage d'énergies existantes et renouvelables (revalorisation de la chaleur fatale des fours, installation de panneaux photovoltaïques sur les toits et les parkings, réutilisation de batteries en fin de vie,...)


Heureusement, plus récemment, une prise de conscience s'opère grâce aux fresques du climat ou encore aux fresques de l'économie circulaire qui se tiennent partout dans le monde. Ces défis sont importants et porteurs de sens pour tous, y compris pour les jeunes générations qui sont recrutées dans le secteur.


Et l’humain dans tout ça ?

Les collaborateurs sont plus que jamais à la manœuvre dans cette nouvelle page qui s’écrit. Pour réussir les transformations, ils doivent travailler de plus en plus en interface avec d’autres métiers (ex : IT/OT). Ils peuvent de ce fait développer de nouvelles compétences qui auront de l’importance dans les carrières non-linéaires qui se préfigurent devant nous.


Enfin, il faut de l’énergie, de la détermination et de la pédagogie pour faire comprendre l’Industrie 4.0 (présenter le : pourquoi ?, quoi ?, comment ?)


Après avoir mené des projets d'implémentation réussis, il s'agit de trouver les moyens pour provoquer une réaction en chaîne entre les sites. Une piste : décloisonner et inspirer par l'exemple !



Bertrand Felix ©


Accélérateur de transformations

Contactez-moi :

bertrand.felix@bfmomentum.fr

0665865477


 
 
 

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Et si on passait à l’étape supérieure
pour
 se mettre en mouvement ?
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