L'Industrie 4.0... Comment l'expliquer à mes collègues ?
- Bertrand FELIX
- 6 juin 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 févr.

Buzz word par excellence, L'industrie 4.0 fait beaucoup parler dans les chaumières de l'industrie...
Certains patrons ou managers se grattent la tête :
"Est-ce que c'est une somme de technologies innovantes ?"
"Faut-il que je les maitrise et que je les implémente à tout prix dans mes usines ?"
"Si je ne le fais pas, vais-je rater des gains de productivité ?"
"Ou laisser le champ llibre à ma concurrence ?"
"Ou encore mon entreprise va-t-elle paraître 'ringarde' au point de ne pas pouvoir attirer et recruter les jeunes générations dans le futur ?"
Bon... Alors, l’industrie 4.0 c’est quoi au juste ?

Surement pas !
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L'industrie 4.0, c'est plutôt : un mariage réussi entre un besoin métier concret et une ou plusieurs technologies mature(s) ou non mature(s).
"La clé de l'I4.0 est de commencer avant tout par l’usage, de répondre à un problème fort de l’entreprise."
L’importance du cas d’usage
Parmi les industriels que je rencontre, certains viennent malheureusement avec des cas d’usages peu représentatifs ou plus rarement sans cas d’usage du tout ! Poussés par le besoin de montrer l’industrie 4.0 comme une vitrine.
L'industrie 4.0 est avant tout un outil, qui mal utilisé peut donner de mauvais résultats.
La clé dans ce cas est de choisir avec soin son cas d’usage, et les experts qui le portent.
Vous avez dit Innovation ?
Parmi les injonctions faites au management et aux collaborateurs, on entend beaucoup « soyez innovants ! ». L’innovation « de rupture » est souvent mise en avant.
Elle peut être bénéfique dans certains cas, comme pour le développement de nouveaux produits, mais elle l’est moins pour l’industrie historique qui a investi dans des moyens de production et de logistique qu’il est impensable de vouloir moderniser d’un seul coup. Les coûts seraient absolument faramineux.
Il faut donc composer avec l’existant, trouver un nouveau cap tant en respectant l’ADN de l’entreprise.
Faut-il tout inventer soi-même ?
C'est la fameuse question du 'Make or Buy'
On peut aborder l’industrie 4.0 comme une activité d’exploration, car de nombreuses solutions existent déjà et méritent d'être découvertes, testées, comparées.
Une recommandation est de fonctionner par juxtaposition de briques technologiques complémentaires. Les anglo-saxons parlent de 'best-of-breed'. C’est-à-dire le meilleur des solutions intégrées les unes aux autres.
Vis-à-vis de la stratégie d’achat, c’est aussi un bon moyen de s’affranchir des offres de A à Z 'one-fits-all' de certains éditeurs, qui vous emprisonnent dans un modèle et peut provoquer de mauvaises surprises. L’intégration peut elle être aussi couteuse mais en développant les bonnes compétences bien en avance dans sa société, on garde la main sur les évolutions de ses usines et de ses processus.
Avec l'avènement de plateformes performantes d'aggrégation et de traitementde données , les services informatiques ont tendance, pour rentabiliser l'investissement dans les licences couteuses, à développer 'maison' tout un tas d'outils ou de fonctionnalités... Sans toujours écouter les besoins terrains ou les fonctions métiers. Là encore, l'équilibre est la clé. Certaines fonctions valent mieux d'être achetées via un outil, plus facilement maintenable et donc rentable, là où ou d'autres nécéssitent de garder un savoir en interne.
On parle d'amélioration continue ?
L'approche itérative de l'exploration des briques de l'industrie 4.0 est tout à fait compatible avec les méthodes d’amélioration continue bien connues des industriels (TPS , 5S, Lean, Kaisen week…).
On part de la base, du poste ou de l’ilot en production, et on l’améliore par itération, conjointement avec l’opérateur basé sur le terrain qui est force de proposition. Pour qui la solution peut être technologique mais aussi une amélioration de process.
Des exemples de solutions Industrie 4.0 pour ...
Le montage ou la réparation assisté par réalité augmentée, pour faciliter la gestion de la complexité du fait des nombreuses variantes issues de la personnalisation des produits.
Le contrôle qualité par caméra vision, pour détecter tout au long du cycle d’assemblage des erreurs qu’on ne pourrait pas détecter au poste qualité classique de fin de ligne.
La continuité numérique pour mieux gérer les flux de données entre les métiers (ex : bureaux d’études – Méthodes – Production – après-vente), et donc pour gagner du temps pour sortir ses nouveaux produits sur le marché.
La supervision connectée de machines à distance, pour monitorer en temps réel la santé de son parc productif et anticiper les arrêts de lignes.
La robotisation, l’automatisation de certaines activités comme la logistique avec les robots mobiles industriels organisés en flotte, ou pour équiper les postes pénibles ou à risques.
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Bertrand Felix (c)
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Un petit mot sur l'auteur
J'ai été responsable Industrie 4.0 pour les 7 usines en Europe pendant quelques années au sein du groupe Volvo-Renault Trucks. Je pilote actuellement les projets industriels de la Ruche Industrielle et je conseille les dirigeants avec ma structure BF Momentum sur leurs projets de transformation.
Ma conviction
Créer des équipes inter-métiers pluri-disciplinaires avec une force motrice basée sur des cas d'usages puissants et des problèmes forts à résoudre dans l'entreprise. Utiliser des méthodes d'intelligence collective qui responsabilisent les experts en les reconnectant à leurs sponsors : les décideurs et les manageurs de proximité. Livrer par itérations et faire-savoir. A plusieurs, on va plus loin !
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